Dans la forêt de Jean Hegland

4ème de couv. : Rien n’est plus comme avant : le monde tel qu’on le connaît semble avoir vacillé, plus d’éléctricité ni d’essence, les trains et les avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient. Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt. Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours vivantes, leurs passions de la danse et de la lecture, mais face à l’inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, emplie d’inépuisables richesses.

Je reste sans voix. C’est un très gros coup cœur. Ce roman est magnifique, d’une intensité et d’une beauté rares.  L’histoire débute comme un roman de science-fiction post-apocalyptique. On ne sait pour quelle raison, l’essence et l’électricité se font rares jusqu’à disparaitre. Plus d’internet, plus de voitures, plus de grandes surfaces où faire ses courses, plus d’eau courante, plus de médecins, plus de médicaments, plus rien. Les gens meurent ou s’enfuient vers Boston où les rumeurs disent que tout est « normal » là-bas. Nell et Eva, elles, restent dans leur maison au milieu de la forêt, loin de la ville, où elles vivaient avec leurs parents, des bobos écolos, qui les ont entourées d’amour et de nature. Mais tous deux meurent. Tous les rêves s’écroulent, fini la danse, fini le rêve d’études à Harvard. Il faut apprendre à vivre autrement ou plutôt réapprendre à vivre. Le lecteur quitte alors ce monde post-apocalyptique pour un retour aux racines de la vie, à la terre et à la nature. Et ce monde devient beau et poétique.

C’est difficile pour ces deux jeunes filles qui ont grandi avec internet, l’électricité, les supermarchés mais elles s’accrochent, apprennent, apprivoisent la nature et ses secrets. Elles jardinent, étudient les plantes, coupent du bois, font des conserves. Elles doivent aussi se protéger du monde extérieur qui pourrait être violent. Elles ne peuvent compter que l’une sur l’autre pour survivre et sur ce que la nature a à leur offrir. Le sens de la vie prend alors une autre forme. Qu’est-ce qui est important au fond ? L’amour qu’elles éprouvent l’une pour l’autre va aussi les aider à surmonter toutes les épreuves.

C’est un roman d’apprentissage où l’amour et la nature ont repris leur droit. Il est magnifiquement bien écrit. Il est sensible, percutant, intelligent. Une fois la lecture terminée, on ne peut s’empêcher de se questionner « Que ferais-je dans une telle situation ? Serais-je capable de survivre sans tout le confort auquel je suis habituée ? ». L’auteure dénonce aussi à travers cette fiction dite de nature writing notre société de surconsommation et les mauvais traitements que nous infligeons à notre planète.  Elle rend aussi hommage aux tribus indiennes qui savaient écouter la nature et vivre en harmonie avec elle. Elle s’appuie sur le témoignage d’une de ses héroïnes du passé Sally Bell, l’une des dernières survivantes de la tribu Sinkyones.

Le bonheur n’est peut-être pas là où l’on croit….

Dans la forêt de Jean Hegland aux éditions Gallmeister, 2017 (publié en 1996 aux Etats-Unis)

 

 

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